Une machine à mesurer tridimensionnelle (MMT) vient d'être installée dans la nouvelle salle blanche du groupe ATLAS au LPSC.
Cette machine à commande numérique de grande vitesse et de haute précision permettra une mesure précise des assemblages de modules à pixels du futur détecteur ITk de l'expérience ATLAS au CERN.

Lors de la phase à haute luminosité du LHC qui doit commencer en 2026, la plus grande intensite des collisions entrainera une plus grande densité de traces à mesurer, et un plus grand taux de radiations auquel résister. Il faudra donc procéder au remplacement complet du trajectographe d'ATLAS.

Formation à l'utilisation de la MMT sur un prototype d'échelle d'ITk

Formation à l'utilisation de la MMT sur un prototype d'échelle d'ITk

Dans le cadre d'une collaboration avec les laboratoires de l'IN2P3 CPPM et LAPP, le LPSC va procéder à l'assemblage d'un millier de modules de capteurs à pixels sur leur support mécanique, de 2021 à 2023. Ces modules devront être placés avec une précision de 0.05 mm, soit l'épaisseur d'un cheveu.

 

Contact : Elisabeth Petit, Ludovic Eraud

Capture COSMIC TOUR small

Découvrez la toile cosmique au travers de COSMIC TOUR VR, une nouvelle animation de réalité virtuelle réalisée à l’initiative du LAPP, du LPSC et du CCIN2P3, et financée par le labex ENIGMASS en collaboration avec LSST France et Euclid France.

La bande annonce est disponible à l’URL  http://lpsc.in2p3.fr/upload/doc/4c997d/CosmicTourVR-Trailer.mp4

Réalisée à partir d’images simulées du projet Horizon cette animation sera au programme du Dark Matter Day 2018 au Muséum de Grenoble le mercredi 31 octobre 2018.

Le modèle standard de la cosmologie est aujourd'hui solidement ancré, avec les derniers résultats du satellite Planck notamment : les équations de la Relativité générales permettent de décrire dans le cadre du modèle du Big-Bang l'évolution d'infimes perturbations produites lors d'une phase d'inflation primordiale tout au long des 13,8 milliards d'années d'histoire de notre univers. Contenu (matière baryonique, matière noire, énergie noire) et dynamique (vitesse d'expansion) sont précisément mesurés avec le rayonnement fossile.
Et pourtant la nature de la matière noire reste totalement inconnue (26% du contenu-énergie aujourd'hui), l'énergie noire qui dicte l'évolution de l'espace depuis environ 5 milliards d'années est toujours très mystérieuse (69% du contenu-énergie aujourd'hui) et de nombreux modèles d'inflation restent en lice pour expliquer l'origine des inhomogénéités qui deviendront les galaxies et les amas de galaxies. Il faut donc poursuivre la cartographie de l'univers observable : observer la plus large fraction du ciel possible pour accéder aux grandes échelles angulaires, observer les galaxies proches et lointaines pour suivre l'évolution de leur distribution spatiale le plus finement et longuement possible. C'est ce que va réaliser la collaboration DESC (Dark Energy Science Collaboration) avec les données du télescope LSST (Large Synoptic Survey Telescope).
Le projet LSST est un télescope de la classe des 8m, équipée de la plus grande caméra jamais construite avec plus de 3 milliards de pixels et un champ de vue de près de 10 degrés-carée, qui permettra dès 2022 de dresser une carte 3D de l'Univers avec une profondeur et une précision inégalées. Le catalogue de plusieurs milliards de galaxies, de centaines de milliers d'amas de galaxies permettra une étude sans précédent de notre Univers et fournira des informations capitales en cosmologie. L'évolution du spectre de puissance de la matière ou l'évolution du nombre d'amas de galaxies en fonction du temps et de leur masse par exemple font partie des sondes cosmologiques qui permettent d'appréhender la dynamique de l'Univers mais aussi le rôle de la matière noire dans la formation des grandes structures. L'équipe est impliquée fortement dans ce projet, tant au niveau instrumental qu'au niveau scientifique.

La mission Planck de l’ESA dévoilait en 2013 une nouvelle image du cosmos : la capture sur tout le ciel du rayonnement micro-ondes généré au début de l’univers. Cette première lumière offre une multitude d’informations sur son contenu, sa taux d’expansion, et les grumeaux primordiaux, précurseurs des galaxies. Le consortium Planck publie le 17 juillet 2018 dans Astronomy and Astrophysics la version intégrale et définitive de ces données. Avec sa fiabilité accrue et ses données sur la polarisation du rayonnement fossile, la mission Planck corrobore le modèle cosmologique standard avec une précision inégalée sur ses paramètres, même s’il subsiste encore quelques anomalies. Le LPSC a participé à la construction, l’analyse et l’exploitation des données de 1999 à 2018. Pour en savoir plus : planck.fr

Crédits : ESA - collaboration Planck - HFI France

Depuis la découverte du boson de Higgs au CERN en 2012, aucun signe de nouvelle physique n’a été mis en évidence. C’est donc désormais la mesure des propriétés du boson de Higgs qui tient en haleine une grande partie de la communauté des physiciens sur accélérateur. L’un des aspects les plus ambitieux de cette recherche est la mesure de l’interaction du boson de Higgs avec les autres particules, ce qu’on appelle ses « couplages ». Ceux-ci étant entièrement déterminés par la théorie du Modèle Standard, une déviation de leur mesure par rapport aux prédictions signerait l’existence de nouvelle physique.

                  Le couplage du boson de Higgs aux fermions est proportionnel à leur masse, le quark top est donc la particule élémentaire avec le couplage le plus fort. C’est d’ailleurs ce couplage au top qui permet le mode de production dominant du boson de Higgs au LHC via la fusion de deux gluons (voir Figure 1a avec le diagramme de Feynman ainsi que celui ttH). La mesure directe du couplage entre le boson de Higgs et le quark top est possible en utilisant le processus de production du boson de Higgs en association avec une paire de quarks tops notée ttH (voir Figure 1b). Or cette production est très rare et n’a pas été mise en évidence dans la première phase de prise de données du LHC (run 1).

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Figure 1 a - b

Production du boson de Higgs par fusion de gluons (gauche) et production du boson de Higgs associé avec une paire de quark top (droite).

 

                  Selon le mode de désintégration du boson de Higgs, il existe trois états finaux dans lesquels le processus ttH peut être recherché  : deux photons (H → γγ), deux quarks beaux (H → bb) et enfin un état final multileptons via la désintégration du boson de Higgs en paire de Z ou W ou leptons tau (H → WW, ZZ, tt), ces particules se désintégrant à leur tour en leptons. Le canal multileptons, sur lequel travaille une équipe du LPSC, est le canal dominant qui a permis de mettre en évidence* (4.2 σ) la production de ttH au LHC à l’été 2017 avec les données des deux premières années (2015 et 2016) de la 2ème phase de prise de données du LHC, dite run 2 [Phys. Rev. D 97 p. 072003].

                  Le 4 juin 2018, la collaboration ATLAS a rendu publique une analyse dans laquelle les états finaux de plus petite probabilité de production, ttH, H → ZZ → 4 leptons et ttH, H → γγ, ont été mis à jour avec les données du run 2. Grâce à la combinaison de ces analyses améliorées avec les autres états finaux, ATLAS vient d’annoncer l’observation*6.3 σ) de la production du boson de Higgs en association avec une paire de quarks top [CERN-EP-2018-138, arXiv :1806.00425] (voir Figure 2).

                  L’avenir de l’étude du processus ttH passe désormais par l’étude des états finaux individuels. Le LPSC est impliqué dans l’un des canaux multileptons, avec deux électrons ou muons de même signe et un tau (2ℓSS+τhad). Il s’agit du canal présentant la plus haute intensité de signal mesurée, plus de trois fois celle prédite par le Modèle Standard (voir Figure 3) ! Il est donc primordial de mettre à jour cette analyse avec les données additionnelles collectées pour savoir si cet excès est une fluctuation statistique ou une déviation significative par rapport à la prédiction du Modèle Standard.

Note : [*] En physique des particules, l’annonce d’une évidence ou d’une observation correspond à une mesure statistique de la probabilité d’observer un signal alors qu’il n’y en a pas. Pour l’observation cela correspond à une probabilité plus faible que 3 pour 10 millions (1 pour 1000 pour l’évidence) c’est à dire, pour un processus gaussien, de se trouver au-delà de 5 déviations standards ou 5σ (3σ pour l’évidence).

 Capture d’écran 2018-06-05 à 10.24.22.png      ttHML.png

Figure 2 (gauche): Distribution de la masse invariante mγγ des deux photons dans l’analyse ttH, H → γγ 80 fb-1. Ici également les événements sont pondérés par leur probabilité relative d’être du signal au du bruit de fond. L’état final γγ représente l’avantage de rendre possible la reconstruction d’un pic de masse invariante. Figure 3 (droite): Intensité du signal mesurée dans tous les canaux multileptons. Le canal 2ℓSS+τhad étudié au LPSC, compte plus de trois fois le nombre d’événements Higgs attendus. La mise à jour de l’analyse avec 80 fb-1 est en cours.

 

Contact: M. Kuna