© Vincent MONCORGE / LPSC / CNRS

Accélérateurs et Sources d'Ions

Le Pôle Accélérateurs et Sources d’Ions du LPSC a pour mission de concevoir, réaliser et exploiter des accélérateurs, ou certains de leurs sous-systèmes, pour les programmes de physique et pour des applications industrielles. Il est également spécialisé dans le domaine de la R&D sur les sources d’ions à la résonance cyclotronique électronique (RCE) avec une gamme d’applications très variées : sources d’ions lourds multichargés, sources d’amplification d’état de charge (ou boosters de charge), sources à très haute fréquence. Il exploite également la plateforme de neutrons rapides GENESIS.

Présentation

Les activités du Pôle Accélérateurs et Sources d'Ions concernent la physique des accélérateurs et ses technologies associées : dynamique de faisceau, radiofréquence, diagnostics, magnétisme, vide ainsi que les sources d’ions à la résonance cyclotronique électronique (RCE) pour la production d’ions multichargés et la multi-ionisation des faisceaux.

Elles s’adressent à un large spectre des thématiques de recherche du laboratoire : physique nucléaire (production de faisceaux d’ions stables ou radioactifs) et des particules (études des collisionneurs), ainsi que physique des réacteurs (réacteur piloté par accélérateur, ou ADS).

Le Pôle contribue à plusieurs programmes majeurs d’accélérateurs et de sources d’ions comme SPIRAL2 (Système de Production d'Ions RAdioactifs en Ligne de 2ième génération) et NEWGAIN (NEW GAnil INgector) au GANIL, SPATIAL (Système Piloté par Accélérateur pour la Transmutation et la réductIon des stockAges géoLogiques) sur la maquette d’ADS GUINEVERE (Generator of Uninterrupted Intense NEutrons at the lead VEnus Reactor) au SCK-CEN, ou encore PERLE (Powerful ERL for Experiments) à l’IJCLab et FCC (Future Circular Collider) au CERN. À travers ces collaborations, plusieurs axes d’étude et de recherche amont ont récemment été initiés comme la simulation du plasma dans une source RCE, la compréhension de phénomènes spécifiques des structures radiofréquences (RF) sous vide comme le multipactor ou encore l’étude de compensation de pannes dans les linacs.

Pour ses développements expérimentaux, le Pôle s’appuie sur les compétences des services techniques du LPSC et bénéficie de financements notamment de l’ANR (EQUIPEX+).

Historique

Le Pôle Accélérateurs et Sources d’Ions est né de la fusion du service accélérateurs et du service sources d’ions du LPSC après la fermeture du cyclotron SARA (Système Accélérateur Rhône-Alpes) au début des années 2000.

Depuis sa création, le pôle travaille dans la thématique des accélérateurs électrostatiques pour la production de neutrons avec les machines de type GEnérateur de NEutrons Pulsé Intense (GENEPI). L’accélérateur GENEPI-1, après un couplage réussi avec le réacteur MASURCA (MAquette de SURgénératrice à CAdarache) et son exploitation, a été retiré de Cadarache. GENEPI-2 est toujours en fonctionnement au LPSC. Initialement conçu pour la Plateforme d'Etude et de Recherche sur l'Energie Nucléaire (PEREN), il est aujourd’hui exploité pour la plateforme d’irradiation GENESIS (GEnerator of Neutrons for Sciences and IrradiationS). La dernière machine, GENEPI-3C, a été construite et exploitée dans le cadre du projet GUINEVERE pour le pilotage d'un réacteur nucléaire au SCK-CEN en Belgique. Aujourd’hui, elle subit une modification majeure avec le remplacement de la source d’ions pulsée par une source à la Résonance Cyclotronique Electronique (RCE) dans le cadre du projet SPATIAL.

Le développement des sources d'ions RCE pour les accélérateurs fait partie des principales activités du pôle. Ce type de sources d'ions a été inventé au CEA-Grenoble, par Richard Geller, dans les années 70. Initialement, ces sources souvent capables de produire des faisceaux intenses d'ions lourds multichargés, ont permis un renouveau de la physique de l'étude du noyau atomique (physique nucléaire). De nos jours, elles trouvent des applications de plus en plus nombreuses, telles que les accélérateurs pour la hadronthérapie permettant de détruire certains types de tumeurs radio-résistantes à l'aide de faisceaux d'ions de carbone de haute énergie, ou des applications totalement industrielles que ce soit pour le traitement des matériaux ou les dépôts de couches minces.

Le pôle a participé à plusieurs projets d’accélérateurs pour la recherche nucléaire et la physique des réacteurs (SPIRAL2 au GANIL, MYRRHA au SCK-CEN) avec des contributions variées telles que les sources d’ions, la dynamique faisceau, la radiofréquence (coupleurs RF de puissance), le vide, les diagnostics, le magnétisme. Il a également travaillé pour des applications de hadronthérapie pour les projets ETOILE et CNAO. Enfin, il a collaboré régulièrement avec le CERN sur les thématiques de dynamique faisceau (LINAC4), les structures radiofréquences (EUCARD, RFTech, CARE/HIPPI) ou pour des suivis de fabrication.

A ce jour, les collaborations avec le GANIL et le CERN continuent toujours avec, par exemple, le développement de la source d’ions ASTERICS et les études de multipactor pour FCC.

Booster de charges

Le pôle développe depuis la fin des années 1990 la source d’ions « Booster de charges » de type « PHOENIX » ayant la capacité d’augmenter l’état de charge d’un faisceau de basse énergie. Les ions sont décélérés dans le plasma RCE de la source où ils perdent leurs électrons par bombardement électronique avant d’être extraits en faisceau d’ions grâce à un système d’électrodes. Les Boosters de charges sont utilisés sur des installations de recherche sur les ions exotiques telles que GANIL-SPIRAL1, TRIUMF-ISAC ou LNL-SPES afin de rendre leur ré-accélération plus efficace. Les développements réalisés sur la source de R&D du LPSC visent à améliorer les performances des Booster de charges. Ces études sont soutenues et réalisées en coopération avec le GANIL. Le LPSC collabore également au développement de la source de LNL-SPES pour laquelle 2 contrats de collaboration et de recherche ont permis de fabriquer la source puis de réduire la contamination co-extraite, paramètre clef pour cette technologie. Le banc de tests 1+N+ du LPSC sur lequel le Booster de charges est testé ainsi que ses différents diagnostics sont également utilisés lors de campagnes expérimentales internationales visant à mieux connaitre les plasmas RCE.

Booster de charges


ECRIPAC - Simulations plasmas

Le projet ECRIPAC (Electron Cyclotron Resonance Ion Plasma Acceleration) s’intéresse à valider par simulation le concept d’accélération plasma de pulses d’ions comme proposé par R. Geller en 1991, inventeur des sources d’ions à la résonance cyclotronique électronique (RCE). Un tel accélérateur est capable de produire des ions au-delà d’une énergie cinétique de 10 MeV/A avec les technologies usuelles d’une source RCE, donc sans l’emploi des classiques cavités accélératrices ni des modernes lasers de puissance femto seconde. Le concept initial de machine ECRIPAC est proposé sur la figure ci-dessous. La première phase du projet fait l’objet de la thèse de doctorat d’A. Cernuschi (UGA) au sein du pôle, en collaboration avec le laboratoire LAPLACE de Toulouse, spécialiste des simulations plasma. Après une étude bibliographique et la récente confirmation de la validité du concept par un code Monte-Carlo dédié à la dynamique des électrons, la mise en œuvre d’un code de type Particle In Cell (PIC), permettant de simuler la dynamique du plasma du générateur, va bientôt démarrer.

Illustration du concept d’accélération plasma ECRIPAC, comme originellement proposé par R. Geller en 1991


FCC

FCC (Future Circular Collider) est le grand projet à l’étude au CERN d’un accélérateur circulaire de presque 100 km de circonférence pour arriver à des énergies d’autour 100 TeV.
Le Master Projet FCC – NPC englobe les différentes contributions du CNRS au projet FCC.
Le Pôle participe au FCC- NPC dans le lot de tâches 8 ‘SupraRadioFréquence’ où il a la responsabilité.
Dans ce cadre une étude poussée du multipactor dans les cavités SWELL (Slotted Waveguide ELLiptical cavity), innovantes et candidates au FCC a été réalisée.
D'autres études sont en cours de discussion avec le CERN.


GENEPI2

GENEPI2 (GEnérateur de NEutrons Pulsé Intense) est un accélérateur électrostatique d'ions deutérium (deutons) qui génère un faisceau continu monochromatique de neutrons.

Les deutons sont produits par une sources d’ions de type RCE. La source est placée sur une plateforme haute tension à un potentiel de 220 kV. La différence de potentiel permet d’accélérer les ions à travers le tube accélérateur. Les ions sont ensuite triés par un dipôle et transportés à l’aide d’un ensemble de quadrupôles et de steerers jusqu’à une cible de deutérium ou de tritium. C’est sur la cible qu’a lieu la réaction de fusion qui produit des neutrons de 2.5MeV avec une cible de deutérium et de 14MeV avec une cible de tritium.

Initialement, GENEPI2 a été construit pour les expériences de physique neutronique de la plateforme PEREN (Plateforme d'Etude et de Recherche sur l'Energie Nucléaire). Il est aujourd'hui utilisé pour réaliser des irradiations aux neutrons sur la plateforme GENESIS (GEnerator of NEutrons for Science and IrradiationS).

L'accélérateur GENEPI2

 


MULTIPAC

Multipac est un projet de recherche de l’IN2P3 entre le IJCLab et le LPSC qui a pour but d’étudier le phénomène du multipactor afin de le réduire et, si possible, le faire disparaître.
Le multipactor est un phénomène parasite résonant, intervenant dans les structures sous vide soumises à une onde radiofréquence (RF). Dans le domaine des accélérateurs il peut, entre autres, empêcher l’injection de la puissance RF aux cavités accélératrices et causer la rupture des céramiques des coupleurs provoquant la remise à l’air de l’accélérateur.
Le Pôle est en train de développer un banc de test qui est déjà utilisé pour caractériser le phénomène (en collaboration avec le CEA Saclay, CEA IRFM, ONERA DPHY) et pour étudier de dépôts antimultipactor (en collaboration avec le SIMaP / INC).
Ces travaux sont soutenus par le CNRS, via l’appel à projet inter-instituts « 80Primes », par l'Institut Carnot « Energies du futur » et par des dotations projets.


NEWGAIN

Le LPSC est impliqué dans le projet NEW GANIL INjector (NEWGAIN), qui consiste à développer un nouvel injecteur d’ions lourds avec un rapport masse sur charge jusqu’à 7 pour l’accélérateur linéaire SPIRAL2 du GANIL. Le pôle est responsable de la coordination des lots de tâches « Source d’Ions et plateforme » et « Ingénierie Système ». En collaboration en interne avec le SERM, le service électronique, le SDI et en externe avec le GANIL et le DACM du CEA Saclay, le LPSC conçoit une source d’ions supraconductrice RCE nommée ASTERICS. Une vue en coupe de la conception mécanique de la source ASTERICS est proposée sur la figure ci-dessous. Cette source utilise la technologie de pointe nommée « bladder and keys », pour réduire le risque de fabrication des bobines magnétiques et contiendra un volume de plasma environ deux fois plus important que les sources d’ions existantes aux États-Unis, en Chine et au Japon. Cela permettra d’augmenter significativement les intensités de faisceaux d’ions fabriqués par la source, avec pour objectif la production en opération continue jusqu’à 340 µA d’U34+. La source d’ions et sa ligne d’analyse seront assemblées au LPSC, puis qualifiées pendant environ 2 ans avant leurs installations définitives au GANIL pendant la période ~2030-2032.

Vue en coupe de conception de la source ASTERICS et de son système de contrôle commande


PACIFICS

Le projet PACIFICS (Particle Accelerator Initiative for Future Innovative and Challenging Systems) est un Equipex+ / ESR¹ financé par l’ANR dans le cadre du (PIA)3², et qui a pour

objectif la jouvence de plusieurs équipements scientifiques de très haut niveau technologique pour maintenir notre leadership dans nos domaines de recherche sur la période 2021 à 2027.

Le Pôle Accélérateurs et Sources d'Ions est engagé dans l’un des 4 axes scientifiques, « Sources d’Ions de nouvelle génération et de haute performances », qui explore la R&D sur les sources ECR de haute intensité. Le budget est réparti sur plusieurs équipements du Pôle : Aimants supras pour la source cryogénique du projet 60 GHz en mode CW et alimentations HT pour le gyrotron, générateur HF large bande 10-18 GHz pour la ligne 1+N+ et son Booster de charges, uniformisation du contrôle-commande des 3 lignes accélératrices du Pôle (BFC, 1+N+, 60 GHz), upgrade de 5 alimentations HT pour l’ensemble des lignes.

        

¹ Equipex + / ESR : Equipement Structurant pour la Recherche pour investir dans des équipements scientifiques majeurs

² PIA3 : Programme d’Investissements d’Avenir


PERLE

Un accélérateur linéaire d’électrons à récupération d’énergie (Energy Recovery Linac ou ERL) exploite l’énergie des faisceaux en circulation dans la machine, après leur utilisation, pour accélérer les faisceaux suivants, nouvellement injectés dans l’accélérateur. Ce concept permet de réduire drastiquement la consommation énergétique des systèmes RF de l’accélération et prévoit un niveau d’efficacité énergétique inédit pour la discipline d’un intérêt particulier dans l’optique des futurs collisionneurs de haute énergie.

Le projet PERLE ambitionne de développer un démonstrateur d’ERL multi-tours (20 mA, 250 MeV) à Orsay pour éprouver la faisabilité des ERL de forte puissance. Dans une première phase, l’accélérateur sera équipé d’une seule recirculation de faisceau. Cette construction bénéficie du support financier du CNRS via un projet à risques et à impact ERL4ALL et du projet européen iSAS.

En étroite collaboration avec IJCLab sur ce projet, le pôle

  • assure la responsabilité scientifique de l’accélérateur et mène les études d’efficacité énergétique de l’accélérateur,
  • dirige le développement du photogun qui doit produire le faisceau d’électrons, intense et adapté à l’injection dans l’anneau ERL.

ERL4ALL

 


REFILL - Compensation de pannes

La fiabilité est un enjeu majeur dans la perspective d’améliorer les performances, de façon pérenne, des accélérateurs de hadrons de forte puissance. Afin d’optimiser le coût de fonctionnement et le rendement énergétique de la machine les exigences sur la disponibilité faisceau deviennent, et doivent être, élevées.

Dans ce but, le Pôle coordonne le projet de recherche IN2P3, REFILL :  Reliability & Failure compensation methods for Linacs . 

L’objectif principal de ce projet est le développement de nouvelles méthodes de réglage pour les accélérateurs de forte puissance. Il se focalise notamment sur la compensation des pannes dans les linacs (cf. Figure 1).  Dans cet objectif des études du physique du faisceau sont menées, ainsi que le développement d’un code dédié : LightWin.

La faisabilité technologique est aussi étudiée : modélisation de cavité accélératrice supraconductrice et des boucles de régulations associées (LLRF et système d’accord en fréquence). Des études expérimentales pour l’application de schémas de compensation de panne sont menées sur le linac supraconducteur SPIRAL2 du GANIL (cf. Figure 2).

Fig. 1 : Exemple d’un schéma de compensation local d’une cavité accélératrice en panne (rouge) dans un linac. Cinq cavités voisines (en orange) permettent de compenser la panne. Le réglage des cavités en dehors de la zone de compensation (vert) n’est pas modifié

Ces outils et théories sont applicables à de nombreux accélérateurs. L’objectif est d’amener une meilleure compréhension du système et d’anticiper sur les futurs réglages à apporter en fonction des modes de fonctionnement (courant, type de particule, mode pulsé ou continu, etc.), d’appréhender les phénomènes transitoires (primordial dans le cas du projet d’ERL PERLE). Il permet aussi d’évaluer les limites et de dimensionner les différents systèmes (saturation des amplificateurs RF, surconsommation cryogénique, etc…).

Fig. 2 : Evolution d’un faisceau de deuton (distribution dans le plan horizontal, longueur des paquets et dispersion en énergie) dans le Linac supraconducteur de SPIRAL2 lorsque la 6ème cavité est en panne. Dans ce cas l’ensemble des cavités placée après la cavité 6 sont reréglées (compensation globale). Calcul réalisé avec le code TraceWin


SEISM 60 GHz

Source 60GHz

Le projet 60 GHz a pour objectif de relever les défis scientifiques associés aux sources d’ions RCE à très haute fréquence, en développant une ligne de faisceau durable pour le transport et l’analyse de faisceaux intenses, tout en approfondissant l’étude de la physique des plasmas.

En 2019, le LPSC a redémarré la recherche en établissant un partenariat avec le LNCMI pour accéder à leurs installations expérimentales jusqu'en 2025. En effet, une telle source nécessite un courant de 26000 A pour générer le champ magnétique nécessaire à son fonctionnement, disponible au LNCMI.

Les premières étapes ont inclus la réparation d'équipements endommagés et la conception d'une nouvelle ligne de transport, permettant d'améliorer la transmission du faisceau. Les premiers résultats ont permis d'atteindre un faisceau de 1 mA avec une transmission de 75 %.

Pour l'avenir, le projet se concentre sur le développement d'une nouvelle source RCE à 60GHz, qui sera équipée d’aimants de confinement supraconducteurs, permettant un fonctionnement autonome au LPSC. Cette installation bénéficiera d'une chambre de grand volume pour des études approfondies sur les plasmas à haute densité. La refonte complète du système gyrotron est également prévue pour garantir un fonctionnement continu à 20 kW, avec l'objectif de transporter des faisceaux d'ions multichargés d'une intensité de 100 mA.

Ligne expérimentale de la source 60GHz au LNCMI


SPATIAL

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Équipe de recherche : membres permanents

Équipe de recherche : doctorants et postdoctorants

Équipe technique du pôle 

 

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