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Université Joseph Fourier - Grenoble I







Diplôme d'Habilitation à
Diriger des Recherches






Spécialité : Astrophysique des particules et cosmologie





par




Aurélien BARRAU






A la lumière des trous noirs primordiaux





Soutenue le 15 juin 2004 devant le Jury composé de :





  M. Buenerd - Directeur de recherche  
  J. Collot - Président de jury  
  M. Khlopov - Rapporteur  
  F. Lediberder - Examinateur  
  R. Pain - Rapporteur  
  G. Pelletier - Rapporteur  







Laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie, CNRS/IN2P3 - UJF

 

Il y a toujours un peu de folie dans l'amour.
Mais il y a toujours un peu de raison dans la folie.
Lire et écrire, Ainsi parlait Zarathoustra,
Friedrich Nietzsche




MERCI et... NON MERCI !



Les quelques mots de remerciements constituant traditionnellement les pages les plus lues (souvent les seules !) des mémoires de thèse et d'habilitation, on me pardonnera, j'espère, une certaine prolixité et un recours un peu trop systématique aux superlatifs. Il n'est pas si fréquent de pouvoir s'exprimer en toute liberté et je présente, par avance, mes excuses à ceux qui penseront, à raison, que l'on dépasse ici le cadre strictement scientifique. Chaque mot, en tout cas, est absolument sincère.

Je remercie donc Johann Collot, directeur du LPSC, de mener son laboratoire avec fougue, détermination et courage mais aussi pour la confiance qu'il me témoigne.

Je remercie Joël Chauvin, directeur de l'ISN, à qui je dois beaucoup. Il est rare et réconfortant de voir le tableau d'un directeur de laboratoire orné de diagrammes de Feynmann. Cet amour de la science n'est, manifestement, pas incompatible avec la rigueur de la gestion et la démonstration fut exemplaire.

Je remercie Maxim Khlopov, Guy Pelletier et Reynald Pain de me faire l'honneur de rapporter sur ce travail. Je remercie François Lediberder d'accepter d'être examinateur. Il est de ceux qui ont fait de mes quelques années au LPNHE un moment humainement et scientifiquement si enrichissant.

Je remercie Michel Buenerd, coordinateur du groupe AMS, parce que, contrairement à quelques rumeurs perdues dans les oubliettes de l'Institut, il est, à mon sens, un meneur - presque - parfait. Son énergie et son enthousiame sont une leçon pour les jeunes. Et, surtout, il pense en physicien.

Je remercie Gaëlle Boudoul avec qui fut entrepris l'essentiel du travail ici présenté. Cette aventure scientifique, menée avec beaucoup d'enthousiasme et de plaisir, fut pour moi l'occasion de découvrir ses talents de chercheur rigoureuse et d'enseignante singulièrement dévouée. Mais ce fut aussi une chance d'apprécier ses qualités humaines très rares.

Je remercie Laurent Derome, tout simplement parce qu'il est tout autant un collègue et un ami sympathique et attentionné qu'un scientifique brillant et cultivé. Et puis, j'aime beaucoup son rapport au monde: critique, original et, surtout, libre.

Je remercie l'ensemble de l'équipe AMS, et en particulier Konstantin Protassov, Jean-Pierre Scordilis, Joseph Pouxe, Laurent Gallin-Martel, Bruny Baret, Remy Duperray et Marciano Vargas. Travailler avec eux est un plaisir.

Je remercie Pierre Salati. Parce qu'au-delà d'un collaborateur exceptionnel, il est pour moi un exemple. Il me fait penser à cette phrase de Michel Schneider qui, se référant à Glenn Gould, évoquait ces "êtres rares, artistes toujours, qui, comme le disait Baudelaire de Wagner, aux mauvaises heures, consolent d'être là".

Je remercie Richard Taillet, Fiorenza Donato et David Maurin. Réfléchir avec eux est de ces moments privilégiés où la science devient humaine et la physique un régal.

Je remercie Gilles Henri pour unir tant de compétences et de gentillesse.

Je remercie Nicolas Ponthieu pour ses subtiles qualités d'ami et pour son attentive présence. Un clin d'oeil complice à Frederic Mayet dont les incessantes râleries ont le don de me mettre de bonne humeur et de me rappeler, en contrepoint, le privilège qu'est le nôtre dans l'exercice du métier de physicien.

Je remercie Julien Grain qui commence tout juste sa thèse mais maîtrise déjà avec virtuosité et inventivité les trous noirs à 11 dimensions !

Je remercie Charling Tao. Si tous les physiciens pouvaient faire preuve de tant d'honnêteté, d'intransigeance, de passion et de culture...

Je remercie Monsieur Lambert pour ce singulier mélange d'amour et d'intelligence qui siège dans son regard. Je le remercie pour sa lumineuse et bienveillante présence, pour son immense savoir et pour l'humanité de son humanisme. Je remercie Monsieur Monnoyer pour son énigmatique et délicieuse attitude d'esthète et de métaphysicien face au monde. Je le remercie pour m'avoir appris à ne plus aimer Heidegger. Philosophes jusqu'à l'Être.

Je remercie mes oncles, Claude et Michel Nuridsany, oasis de délicatesse intellectuelle et de connaissance.

Je remercie ma mère. Exceptionnelle, toujours; altruiste, par essence; triste, bien-sûr. Complicité singulière. Je remercie mon père. Mystérieux, un peu; droit, évidemment; généreux, sans limite. Etonnant, en fait.

Je remercie ceux que j'ai blessés et qui ont pardonné.

Je remecie Cécile, ma super puce-femme-astronomette. Je la remercie tant. Pour ce qu'elle est et que, comme le conseille Wittgenstein, je ne saurais écrire. Pour ce qu'elle m'a donné, au-delà de toute valeur: sa vie et un petit elfe.

Je remercie Ulysse, né le lendemain de la rédaction des premières lignes de ce mémoire et, déjà, si présent...

Je ne remercie pas celui qui, fort d'un prix Nobel, ou de toute autre reconnaissance institutionnelle, oublie le respect, la dignitié et, finalement, l'intelligence, les plus élémentaires. Triste et grotesque farce. Je ne remercie pas ceux qui, avec les doctorants, les physiciens ou, plus généralement avec les hommes sous leur responsabilité, utilisent leur - réelle - capacité de nuisance pour se procurer l'illusion - virtuelle - d'un pauvre pouvoir. Artefact décevant. Je ne remercie pas ceux qui ont oublié pourquoi ils cherchent à conférer un tant soit peu d'intelligibilité au cosmos, qui ont renié leur engagement sur le chemin de la connaissance, qui ont confondu la recherche de la vérité avec l'exercice de l'autorité. Ubuesque malentendu. Je ne remercie pas ceux qui refusent d'envisager leur désuétude, de questionner leur présence, de considérer leur chute. Dangereuse prétention. Je ne remercie pas ceux qui ne ressentent plus le silence des bêtes, l'infinie douleur de ce grand autre, la déréliction de ces être réifiés. Empathie perdue. Je ne remercie pas ceux qui se résignent à ne plus porter un regard tendre et sur la planète, indigné sur les profanations qui lui sont imposées et révolté sur les exactions dont elle est le siège. Folie, simplement. Je ne remercie pas ceux qui confondent la vie et l'existence, l'art et le divertissement, la morale et l'éthique, la raison et l'entendement, le choix et la liberté, le style et la manière. Douloureuse absence. Je ne remercie pas ceux qui, comme le craignait Pétrarque, ont cessé d'aimer. Morts déjà.



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Aurelien Barrau 2004-07-01