Pour construire le spectre d'émission de la source (supposé en loi de
puissance), il est nécessaire de tenir compte des effets de faible
statistique dans le choix des intervalles d'énergie [72].
Le spectre physique initial peut s'écrire (c'est en tous cas l'hypothèse la
plus vraisemblable):
On peut considérer des intervalles en énergie grands devant
où est la résolution de l'ordre de 25% et est
l'énergie moyenne de l'intervalle, mais suffisamment petits pour que
l'acceptance puisse être développée linéairement comme
. Le spectre différentiel apparent vaut ainsi:
Une autre méthode, ayant le même objectif de correction de l'effet de
convolution d'une loi de puissance avec une gaussienne se traduisant par une
migration entre les intervalles considérés, a été développée par
le groupe de Whipple [73]. C'est une procédure itérative qui
consiste à définir une acceptance effective par:
La figure 9.2 donne le flux différentiel du Crabe obtenu
entre 400 GeV et 8 TeV en
tenant compte de ces effets. Il s'écrit:
La dernière évaluation du groupe de Whipple [74]
(avec des donnés prises à une période différente mais pour l'instant
tout porte à croire que le flux du Crabe est constant) est
où les premières erreurs sont statistiques
et les secondes systématiques. L'ajustement a été mené entre 500 GeV et 8
TeV et utilise deux méthodes différentes avec des données et des simulations
indépendantes entre elles. L'accord avec le flux obtenu par CAT est tout à fait
correct dans
les erreurs évaluées. La normalisation plus basse dans notre cas vient
certainement de la sélection des acquisitions: pour améliorer la statistique,
les critères définis à la table 8.2 ont été relachés.
Etant donné qu'il n'est pas ici donné de courbe de lumière, la rigoureuse
égalité des conditions de prise de données n'est pas indispensable et les
coupures sur la variation de qualité du ciel n'ont pas été appliquées.
Pour que la comparaison entre les différentes expériences soit pertinente,
c'est-à-dire pour que les erreurs statistiques ne masquent pas les éventuels
effets systématiques, une nouvelle saison d'observation est nécessaire.
La collaboration HEGRA mesure un flux du Crabe de
entre 800 GeV et 10 TeV pour 10 heures
de prises de données [90]. La largeur des intervalles d'énergie
choisie correspond à peu près au de la résolution supposée. L'indice
est légèrement plus grand, et indique certainement une petite systématique
entre les expériences (cf partie suivante).
Le groupe de CANGAROO a observé le Crabe à basse élévation (et donc haut
seuil) [75] entre 1992 et 1995. Le flux intégral observé s'écrit
entre 7 et 50 TeV. L'indice spectral (i.e. 2.53 en
différentiel) est bien compatible avec les précédents.
Dans l'attente d'une expérience suffisamment sensible pour autoriser le recouvrement avec des satellites absolument étalonnés, la nébuleuse du Crabe joue donc le rôle de chandelle standard permettant aux différentes équipes de vérifier la convergence de leurs analyses. Cette démarche est décrite plus en détail dans la thèse de Laurent Iacoucci [76].