Il est maintenant bien établi que les AGN sont de puissants émetteurs gamma.
En particulier, 40% des sources détectées par l'instrument EGRET sur le
satellite CGRO sont identifiées comme des AGN, ce sont d'ailleurs les
seuls objets extragalactiques détectés dans cette gamme d'énergie (E100
MeV). Une classification simple peut être entreprise sur la seule base de deux
paramètres observationnels: l'intensité de l'émission radio et la largeur
des raies d'émission. Le résumé est donné dans la table
2.1.
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Il est important de noter que bien que l'émission radio ait permis la
découverte des AGN, la plupart d'entre eux () entrent dans la classe des
émetteurs radio faibles. La distinction est d'ordre purement quantitative mais
elle trouve sa justification dans l'existence claire de deux populations
distinctes distantes de 3 ou 4 ordres de grandeur du point de vue de la
luminosité dans cette bande de fréquence.
L'autre propriété fondamentale utilisée pour la classification est la
largeur des raies d'émission [5]. Elles sont principalement produites par la
recombinaison d'ions d'éléments divers. Le phénoméne de désexcitation
consécutif engendre, en temps que tel, des raies extrêmement fines. L'origine
principale de l'élargissement est l'effet Doppler induit par la composante
radiale de la vitesse des atomes. Le mouvement des particules est essentiellement
dû à des effets thermiques ou gravitationnels. Les AGN sont divisés en type 1
ou type 2 selon la largeur des raies avec une limite fixée à 1000 km.s.
Certains objets présentent un spectre atypique, ils sont ici présentés dans
la dernière colonne du tableau 2.1.
Ce tableau montre l'existence de ces types pour les AGN à émission radio
faible sous les noms de: galaxies de Seyfert 1, quasars à émission radio faible
(QSO) et galaxies de Seyfert 2. Les AGN à émission radio intense de type 2
sont les radio-galaxies à raies étroites (NLRG), que l'on divise en
Fanaroff-Riley I et II (FRI & FRII) en fonction de leur morphologie. Ceux de
type 1 sont généralement désignés comme radio-galaxies à raies
larges (BLRG). Les radio-quasars sont souvent divisés en radio-quasars à
spectre mou (SSRQ) et radio quasars à spectre dur (FSRQ) selon la valeur de
l'indice spectral au GHz.
Enfin, les radio sources dont les raies d'émission sont très
faibles se nomment BL Lacs, du nom du prototype de la classe, qui fut
initialement présumé être une étoile variable dans la constellation
Lacerta.
Un scénario développé dans les dernières années permet d'expliquer la
distinction entre les AGN de type 1 et ceux de type 2. Il apparaît en effet
que certains objets jusqu'alors classés comme différents sont
intrinsèquement similaires mais disjoints de par leur orientation relative
à l'observateur, en particulier l'angle de visée [6]. L'idée
fondamentale repose sur une grande anisotropie de l'émission (cf Figure
2.1). Le moteur central,
vraisemblablement un trou noir, est entouré par un disque d'accrétion et par
de nombreux nuages, en mouvement rapide sous l'influence du champ gravitationnel
intense, dont l'émission de raies est élargie par effet Doppler. Le matériau
absorbant, supposé distribué suivant une géométrie toroïdale,
obscurcit la partie centrale de telle sorte que pour une ligne de visée transverse
(type 2) seuls les nuages à raies étroites sont visibles alors que pour une
vue de face (type 1) les continua IR et X mous ainsi que les nuages à raies
larges sont visibles. Cette identification des propriétés observationnelles et
physiques est résumée dans la dernière ligne du tableau 2.1.
Dans les émetteurs radio intenses, la présence d'un jet relativiste produit
une amplification supplémentaire par effet de collimation relativiste.
Dans le cadre de ce modèle standard, les galaxies de Seyfert 2 sont ainsi
unifiées (du point de vue de la source mais pas de l'observateur) avec celles de
Seyfert 1. Les FRI, de faible luminosité, et les FRII, de forte luminosité,
sont unifiées respectivement avec les BL Lacs et les radio-quasars [7].
Autrement dit, les BL Lacs sont supposés être des FRI avec un angle de jet
assez petit par rapport à la direction de visée (). De la même
façon, les FSRQ sont supposés être des FRII orientés avec un angle
, tandis que les SSRQ présenteraient des angles entre ceux des FSRQ et
des FRII (
). Les blazars sont alors définis comme une
classe particulière d'AGN dont les jets sont pratiquement dirigés vers
l'observateur.
Dès 1971, il a été imaginé que les lobes radio visibles sur Cygnus A
étaient continuellement alimentés par des jets émanant de la galaxie hote
[8]. De tels phénomènes avaient déjà été remarqués dans
d'autres sources comme M87 ou 3C273. L'aberration
supraluminale est une des caractéristiques les plus
typiques des mouvements ultrarelativistes dans les jets.
Un déplacement apparent plus rapide que la vitesse de la lumière
est effectivement visible sur un grand nombre des AGN mis en évidence par le
détecteur EGRET du satellite C-GRO. Un tel phénomène peut s'expliquer
schématiquement en
supposant deux sources I et II (cf figure 2.2) parmi lesquelles l'
une est fixe
tandis que l'autre se déplace vers l'observateur avec la vitesse et un
angle
par rapport à la direction de visée. Un temps
après la
séparation des deux sources, la composante mobile aura parcouru la distance
perpendiculairement à la direction de visée.
Si l'observateur reçoit des radiations depuis la source mobile, alors le temps
écoulé depuis la mise en mouvement est
. La
vitesse transverse d'expansion mesurée s'écrit alors: