Les observations récentes multi-longueurs d'onde de variabilité de blazars ont essentiellement conduit à affirmer les points fondamentaux suivants [196]:
La compréhension de l'émission gamma est particulièrement importante pour les
blazars car, au moins pendant les sursauts, elle domine la luminosité
bolométrique (ou égale pratiquement celle du reste du spectre).
Les récents résultats plaident pour une composante de basse
énergie dûe à l'émission synchrotron et une composante de haute énergie
produite par Compton-inverse à partir de la même population d'électrons
relativistes.
Pour une région d'émission homogène, en négligeant les effet de
Klein-Nishina, l'émission Compton reproduit presque exactement la forme spectrale
de la branche synchrotron - chacune dépendant essentiellement et de la même
façon du spectre des électrons. Au premier ordre, le pic du spectre Compton
est dû aux mêmes électrons (d'énergie ), indépendamment des
photons cible. Des paires de photons ayant des longueurs d'onde dans les deux composantes spectrales
et dans le même rapport que les longueurs d'onde des pics sont également produites
par les mêmes électrons. Ainsi, si les variations sont causées par des
changements dans le spectre des électrons, ces modèles prédisent d'importantes
corrélations entre les changements de flux pour chaque paire observée.
La question fondamentale demeure probablement l'origine des photons cible. Il est
clair que les photons synchrotron sont abondamment produits dans le jet mais on ne
mesure que leur densité apparente. Plus l'amplification relativiste est importante
(facteur de Lorentz ),
plus la densité d'énergie instrinsèque dans le référentiel comobile du jet est
faible (
). Si, selon tout vraisemblance, un disque
d'accrétion est présent, il constitue également un important "réservoir" de
photons. Mais aux distances imposées par la transparence
(
) leur intensité vue depuis le jet est
grandement réduite. De façon alternative, des photons produits très près du
noyau pourraient être diffusés et rendus isotropes dans une région d'échelle
appropriée, leur densité d'énergie étant cette fois amplifiée par un
facteur du point de vue du jet.
Il est extrêmement probable que la part relative des contributions des
différents éléments de l'AGN à la distribution des photons cible dépende
des caractéristiques spécifiques de la source, en particulier des conditions d'opacité.
Dans les modèles SSC homogènes, le rapport des longueurs d'onde des pics détermine l'énergie des électrons rayonnant: . Pour les modèles EC, la relation est moins simple et conduit à des paramètres physiques différents dans la zone d'émission. Les deux approches sont aujourd'hui compatibles avec les données expérimentales mais la plus grande amplitude de la composante Compton comparée au rayonnement synchrotron est naturellement expliquée dans l'hypothèse SSC. En prenant un modèle extrêmement simpliste, on peut en effet considérer que
Soit
Or, le tableau 12.2 donne:
Soit
L'hypothèse SSC, naturellement invoquée pour modéliser les BL Lac, est
donc favorisée, en première approximation, par ces données.
Pour aller plus loin dans les investigations astrophysiques sur les noyaux actifs de galaxie, il est clairement nécessaire de développer l'approche "multi longueurs d'onde". Dans cette optique, des observations conjointes entre l'imageur CAT et le réseau VLBA (large ensemble d'antennes fonctionnant en VLBI) sont prévues pour le début de l'année 1998. En disposant ainsi d'informations sur la structure fine des jets et sur la polarisation de l'émission radiofréquence, il sera certainement possible de poser des contraintes nouvelles, en particulier sur le champ magnétique. A plus long terme, des prises de données conjointes avec les satellites X sont également prévues.